World don’t come easy
On entend beaucoup parler d’intégration, d’immigration, d’identité, bla bla bla… Mais imaginons un instant que les rôles soient inversés et que nous devenions ceux qui, avec notre ouverture d’esprit et notre absence totale de préjugés, doivent oublier notre baguette et notre pinard pour bouffer du loukhoum ou boire de la vodka, qu’en serait-il ? A la veille de devenir nous-même les étrangers, les immigrés, cela déclenche quelques réflexions…
J’ai vu récemment un post sur 9gag (oui, ce recueil philosophico-intellectuel qui remplit nos coeurs de sagesse) qui disait un truc du genre « imaginez que vous ayez une petite fille. Maintenant, imaginez que cette petite fille rencontre un mec comme vous. Ca vous plait? ». Cette petite phrase m’a fait imaginer Gégé (le moustachu du PMU d’en bas) qui accuse (Ricard à la main) les étrangers d’avoir volé leur travail, arriver dans un autre pays face à un type comme lui…
Bref, nous venons tout juste de rentrer de voyage de noces aux Seychelles, suivi d’un bref passage à Dubaï, et le contact avec d’autres cultures ont amené une petite réflexion sur les inversions de rôles, que je partage ici…
Aux Seychelles, tout fonctionne lentement… Mais lentement… Mais alors lentement… Tout doucement… Oui, comme ça. Au restaurant, il ne faut pas être pressé : environ 45min entre chaque plat. On en est venus lors du dernier déjeuner à demander le dessert pendant le plat pour ne pas avoir à l’attendre 1h et finir le repas à 16h. Ce n’est presque pas exagéré, voici notre exemple le plus extrême : nous sommes allés dans une pizzeria un des premiers soirs (Baobab Pizza, un resto réputé de Beauvallon sur Mahé). Arrivés vers 20h et partis vers 23h. On a pu commander une bouteille d’eau et une bière lors de la première visite d’une serveuse vers 20h30. Les boissons sont arrivées vers 21h après un rappel. On a pu commander la pizza vers 21h30, et on a mangé vers 22h30 (faire pousser le blé pour la farine de la pâte prend du temps, je le concède…). On est partis à 23h, n’osant pas commander un dessert ni une deuxième bouteille d’eau !
Pourquoi je racontes tout ça? Parce que même si ça m’a hérissé le poil pendant le plus gros du séjour, et bien bon sang de bois nous ne sommes pas chez nous, nous sommes chez eux. Et s’ils ont envie de vivre à leur rythme qui suis-je pour critiquer? Est-ce que je tolèrerais que quelqu’un vienne chez moi et m’explique comment me laver les fesses?
Une fois qu’on a accepté de vivre « à la locale », de lever le pied et d’arrêter de vouloir vivre à 100 à l’heure au profit d’un respect pur et simple du mode de fonctionnement de nos hôtes, tout devient plus relax. Sur les derniers restos je n’ai même pas crisé ! (Ma douce me traiterait de menteur invétéré, mais non je persiste : je n’ai pas crisé… Juste un peu de bouillonnement interieur mais rien de plus ^^).
Cette réflexion nous a aussi atteint lors de notre passage à Dubaï. Nous étions en effet en plein mois de ramadan, et pour la première fois de ma vie je me suis trouvé en tant que laïque en minorité franche. La loi interdit pendant le ramadan de consommer nourriture ou boisson sur les lieux publics. Le fait de devoir se cacher pour boire une gorgée d’eau, de voir des paravents devant les frigos des stands de nourriture des centres commerciaux, des messages d’avertissements un peu partout rappelant l’interdiction de manger ou boire… On se sent l’âme d’un hors la loi du far-west quand on essaie tout simplement de faire ce qui nous parait normal : j’ai soif je bois.
Ils font pourtant preuve de tolérance : Dans quelques zones restreintes (restreintes à l’échelle de Dubaï hein, n’oublions pas que ce n’est pas une ville Polly Pocket) dédiées aux non-musulmans vous avez l’autorisation de vous sustenter.
De notre point de vue d’occidental mettant la laïcité avant tout et tout le monde, la liberté de penser, ce genre de choses… Et bien cela fait un peu bizarre de se retrouver dans le camp de la minorité culturelle, les outsiders, les étrangers qui viennent chez les gens avec leurs habitudes et leur nourriture préférée mais qui doivent se plier aux règles locales en se taisant.
Et si nous français nous vivions dans un autre pays qui interdisait de manger du camembert… Comment on réagirait? Vous imaginez une vie sans fromage qui pue? Moi non plus! Je pense que je serais en colère si on considérait que je ne m’intègre pas dans un pays juste parce que je refuse de renier ma façon de vivre, mes racines et ma culture. Pour autant, ayant naturellement respecté sans réfléchir les « règles locales » comme le ramadan à Dubaï, j’en viens à apprécier ceux qui ne font pas tout un foin de leur culture, leurs origines, et qui ne passent pas leur temps à rappeler au monde entier qu’ils ne sont pas d’ici. C’est étrange ce mélange : A la fois attendre des autres qu’ils intègrent le mode de vie local, mais aussi comprendre le besoin qu’a chacun de se rappeler qui il est…
Et puis après tout tiens, pourquoi ne pas concilier les deux? N’est-ce pas là tout l’intérêt justement de vivre dans un autre pays que le sien? Toute cette réflexion nous pousse à mieux comprendre l’importance d’une intégration dans notre futur pays d’accueil. Cela commencera par ne pas agiter notre culture et nos façons de vivre au nez de tout le monde, mais plutôt faire preuve de réserve et de respect pour les gens qui nous accueillent chez eux. Pour autant, intégration ne veut pas dire formattage. On ne fait un de « rm -rf » sauvage (oui, c’est une blague pourrie de geek)… En gros on ne va pas s’effacer mais juste s’enrichir d’un autre mode de vie.
Bref, tout ça pour dire que ces petites expériences aux Seychelles et à Dubaï nous ont amené à mieux appréhender l’importance de ne pas juger ni comparer avec le nôtre les modes de vies de nos futurs hôtes, mais plutôt de l’embrasser et de faire en sorte de l’intégrer. Sans pour autant renier ce qui fait de nous ce que nous sommes : des français râleurs et fiers de l’être